Quand le peu importe
Biennale de la photographie et littérature
Tentoonstellingen
Literatuur
Fotografie
In maart-april 2023 maakt de Molenbeekse Fotografie Biënnale haar comeback in het Karreveld Kasteel, het Huis van Culturen en Sociale Samenhang en in de openbare ruimte. Voor deze tweede editie worden de bijzondere banden tussen fotografie en literatuur samengebracht door een veertigtal kunstenaars in de vorm van duo's bestaande uit een fotograaf en een schrijver.
" Quand le peu importe " is het thema dat aan de fotografen is voorgesteld. Uitnodigend als de titel van een prentenboek combineren de drie tentoonstellingen het zichtbare met het leesbare, het beeld met de echo.
Naast de foto's zorgen de schrijvers voor begeleidende stemmen, teksten in de vorm van poëzie, verhalen, een vleugje proza, een kreet, een nuance. Wij nodigen u uit om u voor te bereiden op een toonmoment van originele voorstellen waarbij het kleine op meerdere manieren zal worden uitgebeeld, op het kruispunt van blikken en woorden die op weg zijn.
4 plaatsen voor 4 tentoonstellingen die in totaal 44 kunstenaars samenbrengen die tussen fotografie en literatuur het narratieve voorstel van het thema " Quand le peu importe" afwijzen, d.w.z. een mogelijkheid van meerdere blikken en lezingen op het kruispunt van de twee disciplines.
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Opening 17.03.2023 - vanaf 18 uur
Openingsuren
Woe > zon 13u > 18u
Vrijdag 07 & 21.04 - speciale Nocturnes - tot 21u
Finissage - 23.04 - Kasteel Karreveld
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4 locaties :
- Huis van Culturen en Sociale Samenhang (MCCS)
- Kasteel Karreveld
- Rue de l'Avenir, openbare ruimte in Molenbeek
- Tiny Gallery (rue de la Cuve 26 - 1050 Elsene)
Le travail d'Annick Blavier se compose de regards emportés par d'autres regards. Au jeu des miroirs et des reflets du monde, elle reprend et réinterpète des matières visuelles et textuelles. Ces couches de vies, elle les nuance en propositions discrètes qui n'ont jamais l'air de se toucher et pourtant, de ces strates, de ces frottements collés et reliés, il s'agit surtout de cela, de nos sutures et de nos connivences.
De toutes les délicatesses, Anne-Sophie Costenoble nous emporte et nous fait une proposition. Son regard tient du vol de la plume, vol léger, virevoltant, vol qui viendra se déposer au zigzag des souffles, des trous d’air ; aspirant l’air à la terre pour donner lieu à un lieu recréé, l’image, toujours l’image où la gravité résonne de montagnes en plaines, lacs et visages. L’image qu’elle nous offre ici relève le voile des disparitions et le glacier figé sur la pellicule, à travers la perte de son aura, nous incline, nous aussi, à saisir nos cycles et nos sutures perdues.
Les fontes irrémédiables. Peut-être est-ce contre cela qu’Anne-Sophie construit ses ensembles cohérents, qu’elle explore et glane des instants ordinaires et fragiles. Peut-être.
Son approche sensible et poétique de la photographie donne une place centrale au hasard et à l’errance. Souvent nimbées d’une atmosphère onirique et crépusculaire, ses images semblent nous parvenir d’horizons lointains et cheminer entre urgence et égarement.
Mélanger les disciplines artistiques l’enchante. Elle a notamment collaboré avec l’artiste sonore Margarida Guia, le poète Carl Norac, l’imprimeur Bruno Robbe, l’écrivaine Caroline Lamarche, les photographes Nia Diedla, Jean-François Spricigo,…
Quelques mots sur son parcours :
Après des études de kinésithérapie et d'histoire de l'art, elle découvre la pratique photographique en fréquentant l’atelier Contraste à Bruxelles et l’IEPS à Mons. Elle participe ensuite à l‘aventure du collectif Caravane et du projet Wasserette avec l’envie de témoigner du monde social par l’écriture photographique.
Elle poursuit actuellement ses recherches dans le cadre de résidences en Belgique et à l’étranger.
Ses photographies ont été exposées en Belgique, notamment au musée de la Photographie à Charleroi et dans divers pays d’Europe.
Anne De Gelas est née à Bruxelles où elle vit actuellement. Elle a d’abord étudié les arts plastiques à l’académie des Beaux-Arts, puis la photographie à l’ESA le 75 où elle enseigne actuellement.
La particularité de son travail réside dans l’utilisation de plusieurs médiums simultanément, le dessin, le texte, le collage et la photographie. Ceci dans des carnets qu’elle tient de manière régulière.
Le livre est donc naturellement son support de prédilection, que cela soit des livres d’artistes en peu d’exemplaires ou d’autres qui font l’objet d’une édition à plus grand tirage ("Carnets" édité par la Galerie P en 2003, "L’Amoureuse" au Caillou Bleu en 2013 et réédité chez Loco en 2023) "Mère et Fils" chez Loco en 2018.
Dans son travail, elle se penche sur des événements parfois anodins, parfois exceptionnels. Traitant de sujet aussi divers que le couple, la maternité, la maladie, le deuil. Cette phrase de Penny Slinger pourrait définir son approche "Ce n’est pas juste une question de montrer mon travail aux autres, je préfère partager des expériences".
Sonores et dotés de goûts récoltés entre hier et aujourd’hui, les mots de Jean-Paul Dessy donnent naissance à des lignes musicales composant l’ultra-présence entre ce qui n’est plus, ou plus tout à fait là et ce qui est voué à disparaître si le son, l’image et le corps réceptacle n’existaient pas. Ses mots, toujours, arrivent sur la pointe des pieds. Ils invitent à l’exploration feutrée, au souvenir décidé et permettent au visiteur d’écouter autrement toute vibration. L’histoire de son monde et la volupté de ses amplitudes sont faites de sens en tous sens, de gravités aérées et de touche(r)s effleuré(e)s. Ses trajectoires vouées aux décalages en font un de nos satellites essentiels.
Quelques mots sur son parcours :
Compositeur, chef d’orchestre et violoncelliste, Jean-Paul Dessy est également titulaire d’une maîtrise en philosophie et lettres. Il dirige l’ensemble de création musicale "Musiques Nouvelles" en résidence sur Mars - Mons arts de la scène, dans la maison de l’écoute "Arsonic", salle à l’acoustique exceptionnelle dont il est le concepteur et le directeur depuis 2015.
Il a dirigé plus de deux cent cinquante créations mondiales d’œuvres et a enregistré plus de cinquante CD de musiques classique et contemporaine. Il a par ailleurs collaboré avec près d’une centaine d’artistes du monde de la chanson, du jazz, de la pop et du rock. Il a composé de la musique symphonique, de la musique de chambre, de la musique électronique, un opéra, un requiem ainsi que de nombreuses pièces pour la scène, le théâtre et la danse.
Le Chant du Monde/Harmonia Mundi a publié deux CD consacrés à ses compositions pour violoncelle : The Present’s presents et Prophètes dont il est aussi l’interprète. Le label Cypres a édité deux CD de ses œuvres O Clock et Requiems. Il est membre de l’Académie royale de Belgique depuis 2021
Regard pétillant et verbe précis font de Brigitte D'Hainaut une scientifique d’exception qui confirme les règles instituant les hors-normes comme agitateurs d’électrons libérés. A la raison, l’exigence et la recherche qu’elle affectionne s’adosse une dose d’élévations singulières proches de l’extase de Sainte-Thérèse où Ciel et souterrains semblent circonvoluer. Les sujets qu’elle ouvre, dispersés entre la Chine et le Mont des Arts, raisonnent et s’alimentent du voisinage des sensibles. A l’écouter entre suavité et rigueur, son académisme d’éclaircies miroite comme Florence se reflète et se révèle aux rives de l’Arno.
Historienne et historienne de l’art, docteure en histoire de l’art, membre de l’Académie d’Archéologie, B. D’Hainaut-Zveny a enseigné l’art européen (XVe-XVIIIe s.) à l’ISELP, à l’Institut supérieur d’Archéologie et d’Histoire de l’art, ainsi qu’à l’ULB.
Ses recherches ont porté sur les images religieuses médiévales (XV-XVIe s.) qu’elle a abordées dans une perspective d’anthropologie historique soucieuse de réévaluer leurs fonctions et leurs usages. Elle s’est également intéressée à la valeur symbolique de certaines productions artistiques du XVIIIe s. (les places royales, les jardins anglo-chinois, la Rocaille et les chinoiseries) et s’est autorisée certaines incursions dans l’art contemporain (la statuaire publique).
Elle s’essaye actuellement à d’autres formes d’écriture, à des sujets plus intimistes et plus contemporains et stimule un projet de recherche - collectif et collaboratif – visant à fédérer l’ensemble des historiens d’art belges en vue d’une réécriture de l’histoire de l’histoire de l’art en Belgique (1830-2000).
Il y a du grain dans les tirages de Ian TW / Ian Dykmans, du grain, du temps et des accidents. Des étonnements aussi, à l’image de ces objets qui peuplent le Vieux Marché où notre photographe aime à se perdre pour mieux se retrouver au gré des vêtements, des brols et des papiers, entre transactions et négociations. Être d’équilibre, il passe de la ville à la forêt où il se ressource au pied des hêtres de Soignes, au fil des cycles et des recommencements. Du grain à la graine, soucieux d’un ensemble où intégrer les différentes composantes du monde, Ian Dykmans dispose d’un regard d’origine et sans séparation. Ses photographies touchent le vivant, elles débutent auprès des choses, elles sont de contact. A travers elles, il nous parle d’hommages rendus et de frottements en restituant aux temps croisés ce millième de seconde déjà disparu.
Quelques mots sur son parcours :
Né à Rocourt en 1974, Ian Dykmans photographie depuis ses 12 ans. Il a débuté l’expérimentation en chambre noire en 2001 en suivant les cours des académies d'Ixelles et d'Anderlecht avec des professeurs éminents.
En 2007, il commence à photographier les peintures murales de BONOM et à l’accompagner lors de ses expéditions nocturnes. Cette collaboration débouchera sur l’exposition "BONOM, le singe Boiteux" à l'Iselp et la sortie du livre éponyme.
En 2015, redonnant vie au vieux photo club du Centre Culturel Ten Weyngaert à Forest, il cherche à nourrir son travail par l’énergie collective du lieu et vice et versa.
2021 voit la publication du livre "Devenir Miroir" avec le Tipi bookshop et la Part du Feu.
Rozafa Elshan est photographe et compositrice d'images, de documents et d'objets, avec ou sans importance pour peu que son dispositif inscrive un monde où l’ordre et le chaos invitent à une certaine façon de se pencher.
Mosaïste du quotidien, elle incite le regard à se démaquiller du monde. Elle nous instruit au sein d'une recherche en cours, cherchant ses propres structures face à toute déconstruction.
Ce qu'elle récolte, ce sont des restes, des fins comme fondements d'autres suites. Elle dresse des listes à travers nos codes, nos systèmes. Voici qu'une noblesse vernaculaire nous apporte différence et variations sur un même thème, celui de la recomposition allié à la décomposition où tout, absolument tout, pourrait être replié, débarrassé en deux secondes. Ne resterait que la poussière. La poussière de la poussière. On range, on repart. Comme personne, comme rien.
C'est une tragédie absurde, c'est violent, c'est actuel.
Rozafa Elshan (née au Luxembourg en 1994 et d‘origine kosovare) a été diplômée en 2020 d‘un BA en Photographie à l‘ESA le 75 et en 2022 d‘un MA en Pratiques Artistiques et Complexité Scientifique à l‘ERG (Bruxelles).
C‘est à travers l‘apprentissage classique de la photographie qu‘elle a su très vite créer un certain lien avec la matière et l‘image. Ce médium lui permet de mener une recherche vaste sur la relation entre le corps et l’espace-temps. Elle utilise d‘autres outils comme le dessin, la sculpture et l‘installation pour matérialiser une distance en creux toujours mobile et changeante. Sa pratique s‘inscrit avant tout dans un quotidien ordinaire et dans une déambulation dynamique [entre planche / mur, entre passage / arrêt, entre séquence / point, entre chute / culmination, entre documentation / reproduction, entre accumulation / bilan, entre aperçu / reste, entre maquette / déploiement]. La recherche s‘active au milieu d‘un flux envahi de possibles et se reconfigure perpétuellement sous différentes variations, sans début ni fin. Elle s‘intéresse avant tout à prolonger la perception des choses et à étirer près du bord la temporalité d'un instant.
Voix parallèle à la photographie, la biennale s'ouvre aux mots croisés, aux intersections et aux voies d'échange avec les images.
Première à inaugurer les noms d'écriture, Aliette Griz fait partie du cadre et de l'hors-cadre, c'est-à-dire qu'elle est sans frontières, d'entre terre et mer, assise et debout, la plume haut perchée dès qu'en-bas s'étourdit le tourbillon des mots.
Né.e avant Internet, Aliette Griz (Iel / hen / they) a appris à se sédentariser à Bruxelles. A choisi le # et l’ironie comme fils pour une toile plus ou moins virtuelle. En 2021, son frère se fait la malle, sans laisser de scénario de sortie crédible. Un coup dur qui permet de reparamétrer des choses, à défaut de réparer. Décide que son pronom de naissance doit changer.
L'écriture de blog lui a enseigné que ce qui surgit chaque jour et permet un sursaut, apporte des alibis d'écriture. Le mot « engagement » est un moteur. Depuis 2015, cherche à rendre visible la lutte des sans papiers pour leurs droits, notamment, avec la Voix des Sans Papiers de Bruxelles.
Aime quand plusieurs têtes se laissent contaminer par les mots, et anime sur demande des ateliers d’écriture.
Travaille à 4/5ème à la Maison poème à Bruxelles et fait partie de la collective des Quenouilles, qui explore des mots du dictionnaire chaque premier mercredi du mois en direct sur Radio Panik.
Maman de deux enfants, affirme que le café a des vertus pour la maternité.
Partir de presque rien, de la friche et du mouvement mène Paul Hermant là où il ne se sait pas encore. Nomade et arpenteur, observateur aux aguets des déviations tout en gardant en ligne de mire les boulevards trop bien tracés, il développe ses mots au travers d’associations d’idées, de souvenirs et d’instances précises. S’il a longtemps transformé la radio en papier, le voici à présent en marche parallèle avec des photographies dont il savoure l’oblique par-delà les horizons. Entre ici et là-bas, sa voix d’écriture se posera au château du Karreveld et à la TinyGallery Brussels, lieu de photographie traitant des techniques anciennes et partenaire ixellois de la Biennale.
Voici quelques mots à propos de son parcours :
Paul Hermant, 1957, vit et ne travaille plus à Bruxelles. Auteur d’un certain nombre d’essais politiques, il est co-fondateur de mouvements et d’associations européennes massivement citoyennes comme l’Opération Villages Roumains (en 1988, contre la systématisation de la ruralité sous Ceausescu) ou Causes Communes (en 1992, pendant les guerres d’ex-Yougoslavie) dont peu de gens se souviennent aujourd’hui et c’est bien dommage. Il est également co-créateur du G1000, en 2011, à l’occasion de la longue crise gouvernementale fédérale, proposition dont on se rappelle mieux. Il a été chroniqueur socio-politique quotidien et hebdomadaire sur la Première et Musiq 3 entre 2004 et 2012, avant de travailler la question sociale au sein de la FdSS (Fédération des services sociaux) et du Cesep (Centre socialiste d’éducation permanente). Depuis, il s’est reconverti en poète-jardinier, reste marcheur des temps présents et pense qu’il est souhaitable de faire pays dans le pays.
Qu’il soit loin d’ici ou en terre d’origine, entre Liège et Svanétie, Philippe Herbet reporte sur le monde un regard d’épure, débarrassé d’artifices, feutré et étonné. Homme de voyages et de rencontres, solitaire et collectif, ses envols le mènent aux quatre vents, à la recherche sans doute de lui-même autant que de l’autre, ce grand autre dont il engendre les noblesses dans sa boîte noire. De ses ailleurs, il ramène des portraits, des paysages, des instances qui s’accompagnent de mots et d’impressions fixant un lot de souvenirs comme les négatifs œuvrent à la pérennité. Econome, sa photographie dévoile l’estimation du vivant et ses traces. Se poser au creux de ses routes revient à traverser un arrière-pays alimenté d’années et traversé par une constante invitation méditative.
Philippe Herbet est né en 1964 à Ougrée en Belgique, il est photographe et écrivain. Il a notamment exposé ses projets en Belgique, en France, au Brésil et ailleurs. Plusieurs monographies ont été publiées dont « Herbet : Dadas » aux éditions du Caïd en 2021 et son premier récit « Fils de prolétaire » aux éditions Arléa à Paris.
Il est représenté par la galerie Jacques Cerami.
D’Antonio Jiménez Saiz, rien ne dit s’il sera un jour dans le dictionnaire, rien ne dit si ce rêve d’enfant sera exaucé pour l’inscrire dans le temps. A l’inverse, à l’occasion de nos rencontres diverses, à l’occasion de silences installés dans ses bruits, nous percevons au flot du verbe, à l’orée de sa voix qu’il est lui-même un dictionnaire, un ouvrage refuge, rassembleur et de mémoires.
D’Antonio Jiménez Saiz, tout en lui raconte un esprit de corps, fidèle et voyageur-arpenteur, un sauteur d’histoires qui de page en page, relie un ensemble de feuilles dont il fabrique lui-même les homogénéités. Au retour de ses cavalcades proches et lointaines, il nous rapporte un état du monde tel un état des lieux mais sans fiche technique, ni inventaire méthodique. Ses arrangements avec le quotidien ressortent d'une profondeur quasi mystique induisant une pratique de la photographie sans appel, sans fard et sans trompe-l’œil. L’ordre de ses convocations nous présente les absents et les absents à venir, entre ceux qui vivent parmi les souvenirs et les pellicules et ceux qui demeurent, perdus de vue quoique gravés et honorés.
Quelques mots sur son parcours :
"Auteur de 6 ouvrages autoédités, Antonio Jiménez Saiz invite la lumière dans les ténèbres de sa vie intérieure. Qu’il aborde la mort en sursis ou la mort de l’esprit, le photographe bruxellois se cherche dans l’autre et dans la nature intimement mystérieuse avec une sensibilité granuleuse et fragile, tantôt mystique, tantôt ludique." © Sophie Soukias
Au travers du trimestriel « La paix nulle part ailleurs", il a collaboré avec l’écrivain Emmanuel Régniez, l’artiste sonore Maxime Steiner, la poétesse Laurence Skivée, l’écrivaine Caroline Lamarche, l’artiste plasticien Thibault Tourmente.
2016 voit le premier ouvrage de la trilogie, 2020 le dernier, le pouls est régulier, la parution biannuelle.
o Elite Controllers (2016)
o No nos aprenden a morir (2018)
o Tant de poussière et moi si sourd (2020)
Les trois ouvrages sont une méditation au chevet des affections humaines, une contemplation des faiblesses et des miracles des corps, matières infimes, pourtant capables des altérations les plus absolues autant que des rédemptions souveraines.
Oscillation et retenue, feu c.ouvert et résistances, émotions et sous-terrain sont peut-être quelques mots-clés pour entourer les mouvements de Fabien Lafontaine, homme d’accolements dont les strates de langage relient et animent un verbe à la fois pointu, historié et improvisé. Mots-clés également pour ouvrir les serrures des êtres et des objets qu’il scrute, a(n)ime et questionne et dont les existences se trimballent parmi l’inaperçu et l’ostentatoire, les oubliettes, les jardins inaccessibles et cette pièce de théâtre qu’est la vie où tout reste à faire (pour ne pas la défaire comme l’évoquait Camus). Cette pièce de théâtre, il la démultiplie, il la dissèque, il l’entrouvre pour ne jamais s’en assouvir et les êtres qu’il met en scène sont autant de réservoirs remplis d’autres existences, celles qui vont dans un sens et dans l’autre, métronomes aux partitions d’ombre et de lumière. Ses mots, issus de ses pas, nés de rage digne et rentrée, vérifient nos propres pro.positions, dans l’interstice ténu entre scène et coulisses, là où il convient de ne pas se fuir.
Voici quelques mots à cette suite :
19 février 1975 — …
Ce petit trait entre ma date de naissance et les points de suspension est une existence en cours d’expérience faite d’enseignements, de théâtre et de oui et de non. Le théâtre s’est imposé à moi par mon impérieux besoin du regard des autres, de leur éclairage et de leur souffle dans mon cou. Un rapport à l’éphémère aussi. Que ce petit trait d’union soit le plus léger possible. Le théâtre ne laisse pas de trace une fois le rideau tombé. C’est un délit artistique commit subrepticement à l’échelle du temps. Je suis né à Namur, j’habite Arlon. C’est dire le refus de parvenir dans lequel je suis tombé, auquel je suis arrivé. Cette petite ville qui ressemble à une dernière frite abandonnée au fond du cornet de la Belgique. Mais c’est là, à deux pas d’un paradis fiscal, que je lutte pour un théâtre brut mené avec humilité, fabriqué avec les gens simples. Faire du théâtre un acte d’anarchie.
Petit trait, tiret d’une réplique ou d’un silence?
Marguerite Lagage est née à Charleroi en 1969 et vit actuellement à Bruxelles.
Elle est licenciée en histoire de l’art (UCL), a obtenu un certificat post-universitaire en "kunst en economie" (KUL) et est titulaire du certificat d’exécutive master en conservation et restauration du patrimoine (ULB).
Elle débute la pratique photographique à la fin des années 90 et intègre l’atelier de photographie Contraste (Etterbeek) en 2010. Elle participe au projet collectif Wasserette avec Valérie Callewaert, Anne-Sophie Costenoble et Marina Pierard en 2013-2014.
Son travail est présenté dans le cadre de l'exposition Collection RTBF-Canvas Collectie au MAC’s et à BOZAR en 2012. Elle participe régulièrement aux expositions organisées par Contraste : Atelier, Tours et Taxis, Brussels Art Institute.
Marguerite Lagage s’attache à traduire les sentiments que lui inspirent la fuite du temps et la fragilité du vivant. Son travail interroge notre rapport au passé et à la mémoire. Marquée par des peintres comme Khnopff et Hamershoi, elle réalise des images imprégnées de mélancolie, de mystère, de vide et de silence.
Plus on sait de choses sur Caroline Lamarche, plus on se rend compte qu'on en sait peu. Depuis "L'ours" à "La fin des abeilles", Lamarche nous conte des territoires de vies, elle cartographie délicatement les confins de ses regards et les conjugue à ses souvenirs.
"Nous sommes à la lisière" écrit-elle, à la marge, aux rebords des mondes, tantôt suaves, tantôt cruels.
Entre ses livres et nos rencontres, il est bon de croiser les mots de Caroline pour mieux saisir les univers de Lamarche. Ses voyages sont non seulement faits de cohérence et de rebondissements mais aussi de positionnements d'existence. Pour donner à la colère toute sa dignité, voire ses joies, ses noblesses, ses exigences, pour redorer une vie de quelques blasons, l'écrivaine sait ne pas transiger.
Le collage* qu'elle nous offre en préambule de ses mots à venir nous installe dans ses hauteurs, entre les neiges aperçues au loin et les arabesques voyageuses. Cette image en couches, séquencée de piliers ciselés, envole le ciel gravé de cèdres aux enracinements imaginaires.
Poète, nouvelliste, romancière, Caroline Lamarche a obtenu le Prix Quinquennal de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour l’ensemble de son œuvre et le Goncourt de la Nouvelle pour Nous sommes à la lisière (Gallimard, 2019). Elle collabore souvent avec des artistes, photographes, plasticiens. Prix Phonurgia Nova pour L’autre langue, elle a écrit des fictions radio pour France-Culture et la RTBF. Avec Margarida Guia, elle a réalisé Crimen Amoris, sur Verlaine à la prison de Mons. https://carolinelamarche.com/in-memoriam-margarida-guia.../
Quand l’élégance se joue des plans, quand elle est dans l’arrière-scène des jours, aux dérives, au lointain des éclats et tapie dans les broussailles, les clous et les grilles, elle se livre davantage aux résonnances à travers ses infusions tel un corps dont la discrétion ferait la présence.
La façon dont Sébastien Marcq agence ses regards, la méticulosité de ses alignements, l’organisation de ses lignes nous instruit sur les lieux croisés, sur ces hors-champs du monde qu’il capture tout en nous rapiéçant au tout, aux strates et au peu qui suture.
Sa photographie nous invite à la patience, au regard lent et à l’introspection de son objectif. Sébastien Marcq ne décortique pas. Il n’enlève rien à rien tout comme il n’ajoute aux scènes qu’un passage de mémoire. Pour autant, sa démarche est un scalpel qui réorganise le monde tel qu’il est, loin de ses chirurgies sociales et esthétiques.
Quelques mots complémentaires de Pierre Hemptinne :
"Sa pratique photographique est indissociable de ses voyages, mais il ne s’agit en aucun cas de "photos de voyages".
Ce qu’il traque, ce sont les rouages qui s’établissent entre les lieux qu’il explore et l’activité mentale incessante, agitée pour se situer dans le monde.
Dans une recherche de points d’ancrage multiples, diversifiés, hétérogènes.
Le plus souvent, des détails du décor, de l’architecture volontaire ou non, de l’agencement paysager, des traces de vies, des sédimentations culturelles ou naturelles.
Autant de détails qui font signes…
…Il faut, sur ses pas, s’égarer dans la collection incommensurable de petites images, d’espaces “entre”.
Coins et recoins que l’on traverse rapidement, en fermant les yeux, aux confins du construit et de la désagrégation, de l’ordre et du désordre, du paraître et du caché.
Là où jaillissent des câbles orphelins, où s’effritent les revêtements, où refluent les déchets, où se fossilisent des équipements désuets, où se propage la rouille…
Cet univers de l’abandon…"
Photographe de lumières diverses, entre ombres et éclats, Marina Piérard touche aux fils de regards saisis par le temps, au dépôt des poussières et à l'installation des choses. Dans ces utiles à l'inutile, elle déploie un univers qui de lieux en lieux et d'angles en couloirs, tend à s'inspirer et à reconvoquer la magie d'un XVIIe siècle hollandais transposé vers d'autres temps où Chardin, Morandi et Philippe De Gobert viendraient jouer aux dés des histoires.
Quelques mots sur son parcours :
Bruxelloise depuis toujours, Marina Piérard est venue à la photographie après une trentaine d’années de pratique de l’architecture, avec un goût particulier pour la rénovation.
Initiée à ce mode d’expression par l’Atelier Contraste, elle le fréquente depuis 2008 à Bruxelles et à l’occasion de nombreux stages à l’étranger.
Elle expose régulièrement entre autres dans le cadre de Contraste et du Parcours d’Artistes de Saint-Gilles.
De 2013 à 2020, elle a participé avec Valérie Callewaert, Anne-Sophie Costenoble et Marguerite Lagage au projet collectif "Wasserette", allant à la rencontre de tout public par l’affichage de leurs images sur les murs de salon-lavoirs puis par l’animation d’ateliers d’expression photographique en lavoir social.
Son travail a, dans un premier temps, abordé la relation entre humain et espace urbain ou cadre bâti pour se centrer, ensuite, sur la réalisation de multiples "portraits d’intérieurs", archives sensibles de lieux voués à disparition ou transformation.
Dernièrement, gardant son attrait pour les états intermédiaires, voire chantiers, elle poursuit sa réceptivité au lieu photographié jusqu’à le prendre pour terrain de création, d’installation ou espace scénique, tout en jouant avec la notion d’œuvre ou d’art.
Si définir quelqu’un, c’est le circonscrire au mieux ou tenter l’entourage de qui il est, optons ici pour l’oblique, pour l’infinition, sorte de néologisme joyeux et ouvert qui devrait plaire à Axel Pleeck , notre écrivain-voyageur au corps d’arpenteur, au regard satellite.
D’une trempe discrète, habile dans les saute-moutons de la pensée, il faufile ses mots entre les fils d’une couverture qu’elle soit de livre ou d’étoffe. Rarement quelqu’un se sera autant intéressé au tout, à ce qui se présente et nous re/présente. Des mines de sel aux temples maya, du lapis-lazuli aux pierres rugueuses, Axel Pleeck navigue entre l’infra et le supra des temps; raison pour laquelle, la pesée de ses mots sera féconde et jubilatoire.
Voici sa feuille de route:
Enseignant-chercheur, co-fondateur de RED/Laboratoire Pédagogique, animateur-formateur dans le domaine des Nouvelles Pratiques Philosophiques (au sein de PhiloCité) et actuel directeur de l’Académie des arts de Molenbeek. Son parcours, entre enseignement et recherche, est ponctué de collaborations diverses autour de la médiation culturelle. Le point de départ aura été la classe scolaire et l’enjeu était souvent d’en sortir et d’y revenir. Le partage du savoir, inspiré de la lecture du Maître Ignorant de J. Rancière, est le véritable ADN d’une série de dispositifs originaux : la chambre d’écoute, le cours modeste, le chantier. L’Académie de Molenbeek constitue son nouveau terrain d’expérimentation grâce auquel ses différentes casquettes se mélangent joyeusement.
Née en France en 1970, Chantal Vey vit et travaille à Bruxelles.
Elle s’est spécialisée en photographie après avoir réalisé des études d’Histoire de l’Art à Lyon et particulièrement à l’issue d’un an de recherches en Italie. Cette première résidence étrangère fut déterminante et initia la pratique du voyage, de la marche, de l’ailleurs. Dès lors, son parcours artistique s’est continuellement renouvelé par de nombreuses explorations en Europe, en Chine, adoptant le nomadisme comme une forme de travail.
Ces dernières années, sa démarche s’est orientée plus précisément vers des explorations en bord de Territoire : en 2010, un road-trip "aRound Belgium", sillonnant les mille trois cent quatre vingt six kilomètres de la frontière belge, avec sa petite camionnette transformée en habitation mobile, et depuis 2014, "contro-corrente", cette itinérance au fil des côtes italiennes, inspirée du récit de voyage, "La longue route de sable", cette route qu’avait parcourue Pier Paolo Pasolini, quelques soixante années auparavant.